Ils témoignent

« On devient un soutien et on ne s’autorise plus à exprimer nos difficultés. »

 

J'ai été Aidante de ma mère.

Mon aide a commencé bien avant le placement en institution qui lui, est arrivé au bout du maintien à domicile.

Je suis fille unique et le jour où ma mère, Herminie, a été placée en EHPAD, elle s'inquiétait : « Est ce que j'ai assez d'économie pour faire face à cette dépense ?»

Moi je mentais en disant : « Oui » ...en vérité, je savais devoir compléter les mensualités...

Ce n'est pas le côté financier le plus lourd à porter, c'est d'avantage l'investissement personnel.

Je me suis investie jusqu'à l'épuisement, en 2012.

L'aide que j'apportais était ma présence tous les jours, pendant des années pour qu'elle mange et aussi entretenir son linge.

 

Dans ce rôle d'Aidante, je ne me suis jamais autorisée à lui exprimer mes soucis.

Ce rôle change la relation que nous pouvions avoir en tant que mère et fille.

On devient un soutien et on ne s'autorise plus à exprimer nos difficultés.

 

Heureusement, par mon travail d'aide-soignante j'avais acquis des compétences pour mieux comprendre et prendre en charge la personne âgée.

 

Aujourd'hui je me demande si à vouloir bien faire pour tout mon entourage, je n'ai pas lésé quelqu'un…

 

J'ai dû toujours faire face à l'urgence.

 

Avec le recul, le choix de travailler n’a pas été lié qu’au besoin financier, l’importance d’avoir une activité professionnelle, un statut au regard de la société et aussi de pouvoir prendre un bol d’air par rapport aux contraintes de l’accompagnement auquel je devais faire face à la maison.

Le besoin aussi de la reconnaissance de qui je suis moi, en tant que personne. Par exemple les dernières années de travail, les retours de mes collègues sur la valeur de toute l’attention dont j’étais capable auprès des patients et tout ce que j’ai pu transmettre professionnellement, m’ont fait du bien.

En fait, mon métier m’a aidé à assumer ce que la vie m’a réservé.